Lovely Créatures
Lovely Créatures
Ce tas de plumes, saisies avec une précision clinique, en suspension dans d’insondables ténèbres : chapeau bizarre, drôle de casque antique ou étrange oiseau ? Il faut se laisser apprivoiser par l’image; il faut que l’oeil dompte la circulation des formes, alors -d’un coup- tout est là. L’abstraction disparaît pour laisser place à un réalisme intransigeant. Et même, dans le temps dédié à sa contemplation, ce corbeau s’anime : à comprendre sa position dans l’espace s’imposent, en filigrane mental, ce que fut la pose précédente et ce que sera la prochaine. Il y a ainsi, dans le travail de Bruno Vautrelle, une recherche maniaque à saisir ce que l’on ne voit pas et qui pourtant existe. Il suggère dès lors des mondes où le fantastique est d’autant plus inquiétant qu’il est vrai. Cloués par l’obturateur dans des attitudes apparemment irréelles, ses corbeaux vibrent de tensions, flamboient d’un camaïeu d’épousailles entre le bleu, le noir et le gris.